Politiser les récits intimes

« Violences administratives, médicales, familiales… En France, les parcours trans sont toujours jalonnés d’embûches. Associations anti-trans et médias réactionnaires s’allient pour pointer du doigt « l’épidémie trans » qui se serait emparée du monde, plongeant dans un registre complotiste qui contribue à la marginalisation des personnes concernées. On accuse tour à tour les personnes trans de vouloir faire transitionner de force des mineur·es, de pousser aux mutilations corporelles, de constituer un futur scandale sanitaire majeur, de faire régresser les droits des femmes.
En dehors des paniques morales, à quoi ressemble véritablement un parcours de transition en France en 2024 ? Comment une des populations sociales les plus marginalisées a-t-elle été transformée en menace ? Que vient raconter le matraquage législatif anti-trans qui a cours dans le monde, aux États-Unis d’abord, où plus de 600 projets de lois ont été proposés en 2023, mais aussi en Russie et en Hongrie où la transition est dorénavant interdite, ou encore au Royaume-Uni, dont le gouvernement conservateur est obsédé par la restriction des droits trans ?
Dans La fin des monstres, je reviens sur la réalité du parcours de transition en France et rappelle que les rhétoriques anti-trans sont avant tout des rhétoriques patriarcales. Mon livre est une réponse à ces discours dominants et un plaidoyer pour l’émancipation des personnes trans.»
― Tal Madesta

« Nous savons depuis plusieurs années maintenant que la radio est un merveilleux outil de transmission de nos récits féministes. Le son nous traverse, crée l’émotion, nous permet de nous reconnaître. Ces partages d’expériences, à l’image des groupes de paroles féministes existant depuis les années 1970, permettent de politiser nos vécus.
5 ans après #MeToo, ce qui me semble apparaître aussi, c’est qu’au-delà de la parole, des récits de souffrances, nécessaires et libérateurs, se dessinent des utopies concrètes. C’est ce que je retrouve dans le travail de Tal Madesta. Autour de la famille, de la sexualité, du désir, et du récit de son parcours trans. Il s’agit de réinventer pour se trouver.
Les travaux de Tal font écho, il me semble, à la dynamique qui se dessine au fil des épisodes d’Un podcast à soi : réinventer le couple, ne plus avoir peur de ses désirs, donner la parole aux enfants... Cet échange est donc précieux. Entre l’écriture et le son, entre la levée des tabous et la construction d’un autre monde féministe, et autour des différents processus de création. »
― Charlotte Bienaimé