Journalisme, nouvelles vagues

Rencontre avec Laura Raim (Les idées larges, ARTE) et Camille Diao (C ce soir, Plan plan, France TV), animée par Silvain Gire (ARTE Radio) le samedi 10 février.

(Ré)inventer des manières de produire de l’information dans un monde où la sur-information confine à la sous-information. Autant dire que le pari est risqué, mais qu’il en vaut bigrement la peine si l’on admet que démocratie et journalisme ont le plus souvent partie liée.

« Comment décrire Les idées larges ? Il s'agit d'un programme de « vie des idées », construit autour d'entretiens filmés avec des intellectuels. Cette expression « vie des idées » peut sembler insatisfaisante, imprécise… Mais, en réalité, elle me plaît assez.
Car il y a bien de la « vie » dans les idées, du moins dans celles qui m'intéressent et que je m'efforce de partager dans le programme. Elles ne sont ni décoratives, ni consolatrices, ni là pour fournir un vernis de « culture générale » pour briller en société. Elles permettent de dénaturaliser, d’historiciser et de rendre intelligibles les phénomènes contemporains, de cerner les causes des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Les théories que je traque dans les travaux de sciences sociales sont tranchantes et suscitent donc forcément le débat. Tout l’enjeu dans le bricolage de ce format, qui hybride l'interview classique avec le « je » subjectif assumé du podcast et la vulgarisation de la vidéo de YouTubeur, est de restituer cette vitalité – et ce tranchant. »
― Laura Raim

« À la radio, une voix est une voix. Elle a un nom et un prénom, le plus souvent un genre défini, un âge plus ou moins identifiable, parfois un accent qui la situe géographiquement ou socialement. C’est à peu près tout : elle dit l’identité d’une personne sans la dessiner trop précisément. Pendant 6 ans, à Radio Nova, j’ai aimé être une voix. Lorsque je suis passée des studios radio aux plateaux télé, j’ai d’abord cru rester la même journaliste – les caméras en plus, l'audience décuplée. J’ai emporté avec moi ma voix de radio, une certaine culture, un ton, une forme de liberté que j’avais acquise sur les ondes. Mais j’ai très vite saisi qu’une nouvelle dimension s’était ajoutée. Dans le métro, dans la rue, sur les réseaux, on me disait la même chose : ça me fait du bien de vous voir. Jeune, femme, métisse, avec dreadlocks et sans stilettos, dans l’arène d’un débat politique, tous les soirs dans un média de masse, sur une grande chaîne publique. Au-delà d’une voix qu’on écoute, je suis une personne qu’on regarde. Et pour certain·e·s, ma présence à cet endroit revêt une force symbolique qui, dans un sens, me dépasse. Embrasser cette responsabilité, accepter de représenter, tout en gardant ma propre voix : le bon équilibre est là. »
― Camille Diao

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Photos Sébastien Durand

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