Intelligence service : IA, bienfait ou méfait ?

16.07.2024 · 

Avec Ludmila Postel, Quentin Bresson, Jérome Nika avec Joël Ronez le jeudi 8 février.

Quand l’IA déplace les lignes, alimente les craintes, ouvre sur de nouveaux univers.

« Il y a deux ans, Hugo Scurto, chercheur à l’EnsadLab, a pris contact avec moi. Ses recherches portaient sur les paysages sonores générés par intelligence artificielle (IA). Pour aller plus loin dans ses recherches, il lui fallait une collaboration pour éprouver les usages artistiques d’un tel outil. Nous avons entamé un travail commun de recherche-création, par va-et-vient entre développements techniques et expérimentations artistiques. Depuis lors, nous arpentons les espaces latents de l’intelligence artificielle par le biais d’expériences de marches sonores dans un monde virtuel, parfois superposé au monde réel.
Il s’agit, d’abord, d’expérimenter comment l’IA peut devenir un outil d’écriture artistique par le choix des données qui lui sont présentées. Il s’agit ensuite, d’explorer les univers virtuels de type métavers comme médiateur entre l’espace latent de l’IA et l’espace réel. Par sa nature abstraite, l’espace latent de l’IA est difficile à se représenter, il est multidimensionnel et souvent traduit par des statistiques. Nos questionnements concernent autant les verrous techniques de la synchronisation des IA avec le métavers, l’esthétique du type d’images et de sons générés par IA que sa mise au service de la création artistique. »

Ludmila Postel (artiste sonore et chercheuse)

« Dans le champ de la création musicale, on croise le terme « IA » pour désigner des dispositifs dont le rendu semble laisser certains degrés de liberté à la machine, ou encore des techniques permettant de concevoir de tels dispositifs. Dans les deux cas, l’IA n’est intrinsèquement ni stimulante ni asséchante : comme pour n’importe quel outil, seules les finalités de son invention ou sa mise en œuvre peuvent être envisagées avec cette grille de lecture. Dans le cas où il s’agit de collaborer avec des artistes s’inscrivant dans une démarche exploratoire, quelle que soit l’esthétique, la reproduction infinie de musique crédible ou la conception de robots autonomes
sont deux finalités hors-sujet : ces technologies sont des outils posés sur l’établi pour inventer une lutherie électronique permettant de nouvelles pratiques invitant le processus créatif humain à la réflexivité. »

Jérôme Nika (chercheur à l'Ircam)

« L’intelligence artificielle vient remuer le paysage sonore international. D’abord utilisée comme simple outil de nettoyage du signal sonore, elle permet aujourd’hui de cloner des voix par synthèse vocale, de séparer des pistes musicales, ou même de composer de la musique... Si l’IA est indéniablement un outil d’accélération et de simplification du travail des acteur·ice·s du secteur, elle vient aussi mettre sur le tapis des questions d’éthique, de propriété intellectuelle et d’innovation, qu’il est urgent de se poser : comment s’entraînent les IA pour produire leur synthèse vocale ? Quels en seront les usages demain dans l’industrie sonore et musicale ? Comment s’emparer de cette innovation pour en faire un vrai outil de création ? Quel rôle ont à jouer les pouvoirs publics dans l’encadrement de ces technologies ? Comment garantir aux créateur·ice·s le respect de leurs droits ? »

Quentin Bresson (Responsable du pôle son · Binge Audio)

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Photo de Sébastien Durand

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