Et je remets le ton

« De toutes les notions qui caractérisent une émission, le ton est sans doute la plus difficile à définir. Grave ou léger, polémique ou ironique, intime ou didactique : le ton est ce qui distingue subtilement un programme d’un autre. Si une émission humoristique possède une qualité particulière qui tranche avec ce qui l’entoure, l’humour devra trouver autrement sa place dans une tranche d’information.
Le sérieux nécessaire pour présenter les nouvelles devrait théoriquement imposer au présentateur ou à la présentatrice un ton semblable : or, il n’en est rien. Aucun programme d’actualité n’est interchangeable avec un autre : celui ou celle qui écoute reconnaît instantanément une voix, un accent et bien sûr une écriture.
Car ce programme est le fruit d’un travail collectif tout en étant porté par une seule voix. C’est par cette voix que s’impose le ton : dramatique quand il le faut, drôle par instant, ironique parfois, cette voix emprunte à tous les styles pour composer un résumé de l’actualité.
Qu’il soit composé dans l’urgence ou travaillé dans la durée, cet instantané d’infos doit permettre à l’auditrice et à l’auditeur de s’intéresser aux nouvelles et de rester à l’écoute. Apprend-on le ton ? Tel ton est-il de bon ton ? Sait-on quand il faut baisser d’un ton ? Les trois journalistes de cette table-ronde empruntent des chemins différents pour dire le monde tel qu’il va : Fabienne Sintes anime une longue tranche d’information, variées dans leur format, tandis que Caroline Gillet joue avec le « je ». »

― Emmanuel Laurentin